La Carretera Austral: Du ripio, et encore du ripio dans des paysages aux allures de carte postale.
- loinlabasentandem
- 13 mars 2015
- 10 min de lecture


Nous passons la frontière avec le Chili ce jeudi 18 janvier accompagnés de nos deux acolytes en herbes, Anne-Claire et Romain.
Souvenez-vous, nous avions rencontrés ce couple en tandem, sur la route en direction d'El Bolson. Cheminant dans la même direction, nous avions décidé de parcourir ensemble quelques kilomètres.
C'est donc avec ces deux jeunes Bourguignons, que nous entrons au Chili après deux mois passés en Argentine.
Notre passage au Chili nous met du baume au cœur et marque la fin d'une étape en Argentine éreintante.
En effet, les derniers instants sur la terre des Gauchos, nous sont pénibles. Nous traversons le parc national los Alerces qui se révèle être très éprouvant , à la fois pour nous et notre vélo. Nous atteignons ici, le must niveau route défoncée ! et cela met un peu à mal notre moral.
Alors, lorsque nous arrivons près de la frontière Chilienne juste la perspective de retrouver l'asphalte, suffit à nous réjouir.
Nous arrivons près du post-frontière Argentin pour obtenir notre tampon de sortie avant de nous présenter au post- frontière chilien quelques mètres plus loin.
Mais attention, ici ça ne rigole pas ! Les Chiliens sont beaucoup plus strictes en ce qui concerne le passage d'aliments et de végétaux sur leur territoire. Alors quand nous voyons Anne-Claire et Romain vider entièrement leur sacoche aux douanes faute de ne pas avoir déclarer le contenu de leurs sacoches alimentaires, nous, on décide de ne pas jouer aux plus malins ! On déclare tout : miel, oignions, salade, bref...les fonds de sacoches que l'on a pas pu finir et forcément c'est avec un peu de dégoût que l'on se voit obliger de jeter nos denrées.
Heureusement, entre deux moments d'inattention de l'agent des douanes, Fanny arrive a sauver le pot de miel et la salade qu'elle glisse à nouveau ni vu ni connu dans la sacoche. Inspecté, c'est plié ! On remballe tout rapido, et on s'esquive au plus vite avant que l'agent ne remarque quelque chose !
Le plaisir de l'asphalte retrouvé, nous atteignons Fulateufu, la première petite ville chilienne sur notre route, à une dizaine de kilomètre de là.
Nous arrivons près de la place centrale du village où une remise de prix suite à une compétition de vtt à lieu.
Les gens, un peu intrigués de voir deux vélos si atypiques, nous scrutent avec intérêt. Non ! nous ne faisions pas partis des compétiteurs !
Notre arrivée, est suivie d'une succession de faits très habituels : passage à l'office de tourisme, retrait d'argent à la banque, et prospection du meilleur endroit pour dormir ce soir.
On se répartit avec nos amis la prospection des auberges et camping, et nous accordons sur une petite auberge pour 5000 pesos chilien la nuitée.
On prend vite nos repères dans cette petit bourgade, dont la renommée de son spot de rafting n'est plus à refaire. Ici, les agences de rafting ont poussé comme des champignons ces dernières années, et la ville connaît un fort essor grâce à cette activité rémunératrice.
Futaleufu a néanmoins gardé son charme de petite bourgade Patagone un peu isolée de tout, et c'est cette ambiance si particulière qui nous plaît tant.
On s'accorde pour faire la descente en rafting de la rivière Futaleufu le lendemain. Malheureusement, nos deux amis ne nous accompagnerons pas, c'est donc seuls que nous vivrons cette aventure.
Et quelle aventure !
Nous sommes cinq dans le bateau : nous deux, un autre couple de chiliens et le moniteur pour cette descente de fin de journée. Après un peu d' entraînements et de théorie en eau calme, nous voilà partis à descendre notre premier rapide. Les creux se forment devant nous, et nous affrontons nos premières vagues. Les premières craintes dissimulées, nous profitons ensuite pleinement de la descente des 9 autres rapides suivants. 3 en classe 3, 5 en classe 4 et 1 classe 5.
Après cette petite pause rafting nous nous remettons en route, pour rejoindre la fameuse Carretera Austral. Au programme : fjords, lacs et rivières aux eaux turquoises, nous attendent sur le chemin.
Mais, , nous devons dans un premier temps, nous rendre jusque Villa Santa Lucia pour pouvoir récupérer la Carretera.
C'est avec un peu d'appréhension concernant l'état de la route que nous nous remettons en chemin.
Finalement, nous rejoignons notre première étape à Villa Santa Lucia plus rapidement que prévu.
Une bonne surprise nous attend ici ,les premiers 30 kilomètres nous menant à la Carretera sont asphaltés et cette première fin de journée s'annonce chaude au près du fleuve Palena, qui nous éblouit déjà par ses eaux turquoises.
Le jour suivant, nous rejoignons Puyuhapi, charmante petite bourgade de pêcheurs, nichée au fond du Fjord portant le même nom. Pour s'y rendre, nous traversons une première de zone de travaux sur la route, qui bien que compliquant le chemin, rend la traversée attrayante. De là, nous faisons une halte au parc national Queulat où nous prenons une journée de repos pour y admirer le glacier Colgante. Nous retrouvons dans ce parc, Claude et Domnin, deux cyclos voyageurs avec qui nous fais connaissance en arrivant à El Bolson, 500 km plus haut en Argentine; et décidons de
de tailler une partie de la route ensemble le lendemain.
Nous déambulons tous les quatre, dans la seconde zone de travaux, où pelleteuse, bulldozer, marteaux piqueurs, explosifs et autres engins sont les protagonistes d'un spectacle dantesque. Nous assistons là, à l'élargissement de la Carretera Austral, dont les travaux ne verront la fin qu'en 2020 !
Entre temps, le ripio allié à la route défoncée par les travaux, ne nous facilite pas la vie, surtout lorsqu'il faut franchir les cols.
Heureusement, nous retrouvons l'asphalte en début d'après-midi, ce qui nous motive pour poursuivre le chemin encore deux ou trois heures.
Nous pensons trouver un petit lieu-dit pour pouvoir y poser la tente quelques kilomètres plus loin,quand nous nous rendons compte que l'endroit où nous avions prévu de nous arrêter ne concorde absolument pas avec les indications données par notre carte routière.
Nous continuons donc notre avancée, et nous voilà donc rendu en fin d'après-midi à Villa Amengual, bien plus loin que ce que nous avion prévu.
Malheureusement, ici, il n'y a pas d'autres options que l'hébergement payant, alors nous décidons de pousser encore plus loin le bivouac, et campons près du lac las Torres.
Nous atteignons deux jours plus tard la ville de Cohiaique où nous retrouvons nos deux copains Anne-claire et Romain que nous avions quitté à Futaleufu. Nous faisons une courte halte dans cette petite ville sans charme particulier, le temps de refaire le ravitaillement et de communiquer avec famille et amis. Puis, nous nous remettons en chemin, comme happés de nouveau par la route qui nous appelle inlassablement.
Sur la route à la sortie de Cohiaque, nous retrouvons la deuxième partie du groupe des papys bourlingueurs : Paul et Jean-Paul.
Nous roulons avec eux en direction de Cerro Castillo, pendant deux journées. Nous dormons peu avant le col de Cerro Castillo, où pour la première fois de notre voyage, nous avons froid.
A Cerro Castillo, nous arrivons dans une ambiance de bikers, où un bus magique sert des sandwiches et hamburgers aussi appétissants les uns que les autres.
Mais nous, nous contenterons toujours aussi fidèles que nous sommes, à notre bonne gamelle de pâtes!
A la fin du village, la partie asphaltée s'arrête à nouveau. Nous reprenons à nouveau le ripio sur environ 400 kms avant d'atteindre au bout Villa O'Higgins, la fin de la Carretera Austral.
Malgré une remise en jambe sur le ripio un peu difficile, nous attaquons cette nouvelle étape sereins. Le ripio a beau nous secouer dans tous les sens nous gardons le sourire. Les paysages sont magnifiques et l'effort en vaut vraiment la peine.
Nous déambulons pendant trois jours dans une végétation luxuriante, avant de rejoindre le village suivant : Puerto Rio Tranquillo.
C'est de ce village que partent quelques bateaux pour aller admirer de magnifiques grottes de marbres qui longent les bords du lac General Roca.
Nous nous mettons d'accord avec nos deux amis Paul et Jean-Paul pour marquer l'arrêt et allé visiter ce splendide site naturel. Pour la modique somme de quelques pesos, nous embarquons sur les eaux de ce splendide lac aux allures de mer déchaînée.
La traversée un peu houleuse est toute aussi attrayante que ce pourquoi nous étions venus. Mais c'est réellement devant les grottes que l'on se rend compte à quel point la nature arrive à faire des choses extraordinaires.
Après cette pause détente, nous reprenons la route le jour-même en direction de Puerto Bertrand, là où commence le rio Backer, le plus puissant fleuve du Chili.
Sa puisance nous hypnotise lorsque nous faisons une halte à la confluence entre le rio Neff et le Rio Baker.
Petit à petit, nous nous approchons de Cochrane, dernière ville sur notre chemin. Nous ne sommes plus qu'à 250km de Villa O'higgins. Aprés Cochrane le ripio est pour nous des plus difficiles, mais pas assez pour nous empêcher de faire un détour de 30km pour aller voir le petit village de Caleta Tortel.
Fourbus par une journée intense de vélo sur des kilomètres de ripio et de tôles ondulées, nous arrivons enfin dans ce petit village de pêcheurs relié par la Carretera Austral que depuis 2004.
Mais ce n'est pas la l'unique singularité de ce port. En effet, le village n'est relié par aucune rue. Construit sur les flancs de la montagne et au pied de l'océan, les maisons construites sur pilotis ne sont reliées entre elles que par des passerelles et des escaliers.
Lorsque nous arrivons par la route sur les hauteurs de Caleta Tortel, chacun abandonne son véhicule sur une sorte de place centrale qui n'est autre qu'une sorte de rond point parking, avant d'emprunter les dizaines de passerelles qui le feront descendre au village.
Le ripio que nous avons emprunté pour nous mener ici ayant étant difficile, nous ne souhaitons pas l'emprunter à nouveau le lendemain pour revenir sur nos pas.
Dès notre arrivée à Caleta Tortel, nous partons donc à la recherche d'un bateau qui nous emmènerait de l'autre côté du fiord.
Après avoir traversé la ville de long en large, et avoir discuté avec plusieurs propriétaires, nous trouvons Pablo qui veut bien nous éviter le chemin inverse en nous emmenant à Puerto Yungay pour la modique somme de 250 000 $ chiliens.
Mais le lendemain matin, lorsque Tancrède aide un monsieur à décharger son bateau de bois, le propriétaire lui propose en guise de remerciement de nous mener à Puerto Yungay pour 25 000$ chilien. Marché conclut, nous allons au plus offrant!
Nous voilà donc embarqués avec Victor et Alildo, à travers les fjords chiliens.
Le voyage est magnifique, et notre rencontre avec Alildo l'est plus, encore.
Après 4 heures de voyages, nous arrivons enfin à Puerto Yungay là où nous devons prendre le bac de la marine marchande pour rejoindre l'autre rive du fjord et continuer sur la carretera austral. Lorsque nous arrivons à Puerto Yungay, le bac s'apprête à partir, et nous empressons de l'aborder pour pouvoir monter rapidement à son bord.
Notre arrivée un peu tardive n'empêche ni rien, ni personne. Le bac fait marche arrière, nous nous accostons à lui, et transbordons vélos et sacoches en pleine mer. Les embrassades et les adieux à Alildo et Victor sont nombreuses, intenses mais de courte durée.
A peine le temps de dire ouf, que nous voilà déjà à bord d'un autre bateau, bien plus grand cette fois-ci.
Nous regrettons ces adieux si furtifs avec notre capitaine et son mousse, et regardons au loin leur petite embarcation s'éloigner sur les eaux immense des fjords chiliens.
La dernière partie de la Carreta Austral est encore plus belle. Nous en prenons pleins les yeux . Des sources d'eaux jaillisent de toutes parts, les glaciers campent au dessus de nos têtes, et nous sommes les heureux prisonniers d'une nature impotente.
Mais le climat commence à se dégrader et peu avant notre arrivée à Villa O'Higgins, l'ascension sous la pluie est difficile. Heureusement, la nuit que nous passons en refuge avant notre arrivée, réchauffe nos cœurs et nos corps, et nous faisons la connaissance de Kevin, Vincent et Benjamin partis D'ushuaia pour rejoindre l'Alaska à vélo.
Lorsque nous atteignons finalement Villa O'Higgins, nous sommes pris d'émotions et de fierté. Fiers de l'avoir fait, mais déjà nostalgique de quitter cette route si mythique.
Cette route mérite sa réputation car elle aura été pour nous magique d'un bout à l'autre. Tant par les paysages que nous avons traversés que par les amis rencontrés en chemin et qui ont cheminé avec nous.
Une page se tourne et laisse place à une nouvelle aventure. Mais nous avons à peine le temps d'y penser que nous nous préparons déjà pour le passage de frontière dont tout le monde nous parle, et que l'on redoute tant.
Ce passage est constitué de 6 étapes distinctes :
-La première consiste à rejoindre l'embarcadère du lac O'higgins à 8km du village sur un joli petit ripio défoncé comme on le connaît si bien. Nous effectuons cette étape le dimanche soir pour ne pas avoir besoin de partir tôt le lendemain matin.
-La deuxième étape , nous fait prendre un bateau à 8h du matin le jour suivant, pour nous mener sur l'autre rive du lac O'higgins. Pendant 4 heures, la traversée est houleuse avec des creux d'au moins un métre. Mais malgré le mauvais temps, nous nous réjouissons que notre traversée n'est pas été annulée, car certains voyageur on dû attendre une semaine à Villa O'higins avant de pouvoir partir.
-La troisiéme étape, selon les voyageurs rencontrés, nous emmène à 15km après le poste frontière chilien sur un ripio plus ou moins roulant. Dans la réalité, les 5 premiers kilomètres après le passage du poste frontière chilien sont difficiles. La cote est tellement raide que personnes ne peut la monter à vélo.
Heureusement, ce jour là, nous sommes un bon petit groupe de cyclo à faire le passage frontière, et avons la chance de nous entourer et d'être solidaire les uns avec les autres.
Nous nous arrêtons régulièrement tous les 300m pour aider ceux qui en ont besoin. L'entraide est déjà forte chez les cyclos mais dans les moments difficiles comme celui là, l'entraide est encore plus significative. Les 10 km restants jusqu'à la frontière géografique seront un peu plus roulant.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peine car c'est la quatrième et la dernière partie la plus difficile. Eh oui, après la ligne frontière il n'y a plus de route, ni de ripio.
Pas même un mauvais chemin! seulement un petit sentiers caché derrière des buissons et qui sillonne dans la forêt.
Ce petit chemin, qui s'étend sur environ 6 kilomètres est digne d'un parcours de Koh-Lanta (désolés pour la référence !). Le sentier est étroit, interrompus par des arbres morts couchés, des marais à traverser et rdes uisseaux à enjamber. Bref, c'est tellement simple, qu'il faut qu'on enlève parfois sacoches et remorques pour passer, sinon bien entendu ce ne serait pas assez drôle !
Nous atteignons tout de même le poste frontière argentin à 20 h, après 21km et 8 heures d'intense efforts.
Nous plantons la tente au poste de gendarmerie ne pouvant aller plus loin pour ce jour. S'est exténués que nous nous endormons dans le froid au pied du Fitz Roy.
Le lendemain, pour la cinquième étape et la traversée du lac del Desierto, nous avons le choix entre rejoidre l'autre rive du lac en marchant, où prendre le bateau d'un coût de 420pesos (42 euros), seulement !
Si quasi tout le monde prend le bateau, nous décidons de couper la poire en deux. Fanny prend le bateau avec Bixy et Tancrède fait la marche de 5h.
Cette dernière étape, surtout fatigante pour Tancrède, marque la fin du passage frontalier dos Lagos, entre le Chili et l'Argentine . Dur, mais dans la continuité de ce que nous avons vécu pendant trois semaines, ce passage frontière restera pour nous épique et mémorable. Comme tout le reste d'ailleurs...
Yes,we dit it !
Comments