Torpeur subtropical dans l'état de Misiones
- loinlabasentandem
- 1 déc. 2014
- 5 min de lecture
Le bus équipé de couchettes semi-cama, nous a permis de dormir quelques heures et de ne pas arriver trop fatigués à destination d'Iguazu, situé au Nord-Est de l'Argentine à la frontière avec le Brésil.
Tant mieux, car dès que nous sommes descendus du bus, nous nous sommes attelés au montage de notre vélo, et ce ne fût pas sans peine !
Pendant 4 heures, nous avons joué aux légos avec notre cher Bixi, montant l'une à la suite de l' autre, une roue, puis deux, puis trois (celle de la remorque).
Après 5 jours emballés dans une boite en carton depuis notre départ de France, nous ne savions vraiment pas dans quel état nous allions récupérer notre compagnon de route !
Heureusement pour nous, Bixi a résisté au voyage en avion et en bus, et aucune casse n'a été constaté en le montant.
Quel drôle de spectacle pour les quelques touristes et les gens du coin de nous voir assembler un tandem. Certains se sont carrément postés autour de nous dans la station de bus, pour admirer l'entreprise, tel ce petit vendeur de pains qui nous a martelé de questions pendant une bonne vingtaine de minutes, sur le fonctionnement du vélo.
En sortant de la station d'Iguazu, les gens dans la rue s’esclaffent, et pour la majorité nous félicitent d'un levé de pouce. Mais leur attitude semble complètement incohérente pour Fanny. Si le cycliste semble être apprécié en Argentine, ce n'est pas pour autant que les automobilistes prêtent plus attention à eux sur la route. Au contraire, ces derniers pourraient les renverser sans aucun remord.
Nous cherchons à notre arrivée un camping pour passer la nuit, mais très vite on nous indique l'inexistence de celui-ci. Nous faisons alors le tour des diverses petites pensions et hostels de la ville, que nous conseille notre livre de voyage, et commençons à comparer les prix.
Nous sommes stupéfaits par la différence des prix indiqués dans notre livre et ceux pratiqués dans la réalité.
L'Argentine a connu une forte inflation depuis le mois de janvier, à tel point que tous les prix ont quasiment doublé. Nous nous satisfaisons d'une petite pension pour 250 pesos la nuitée. Le prix nous semble cher, mais nous sommes près des chutes d'Iguazu, et cela à un prix !
En nous installant dans la pension, nous faisons la connaissance de Pierre et Paule, un adorable couple de Québecois. Le courant passe à merveille, et nous passons la soirée ensemble à discuter vélo, voyages, politique et autres choses de la vie. Nous sommes heureux de pouvoir échanger avec des confrères qui ont une expérience du voyage itinérant à vélo. En effet, Pierre et sa femme ont parcouru la Nouvelle Zélande, l'Australie, ainsi que quelques pays d'Europe, tel que la France, l'Espagne et le Portugal ensemble ! Rien que ça !
Ces grands voyageurs, si attachants, nous ont conquis pour leur simplicité et leur bienveillance. Leur rencontre fût pour nous un moment marquant en ce début de voyage, et nous espérons vraiment pouvoir les revoir un jour.
Au lendemain de notre arrivée, nous voilà donc partis voir ces fameuses chutes. Nous enfourchons notre vélo sur une vingtaine de kilomètres, et très vite l'idée que l'Argentine est un pays risqué pour les cyclistes se confirme. Les camions et autres voitures nous doublent à des vitesses effrénées et les premières peurs font leur apparition.
Mais en arrivant au parc national Iguazu, la vue des chutes nous fait vite oublier le trajet du matin. Nous déambulons dans le parc la journée entière, admirant les chutes sous tous leurs angles pour en oublier aucun de leurs aspects une fois repartis.
Hors mis ces cascades, Iguazu est une ville qui ne présente guère d'intérêt et qui de surcroît est chère étant touristique. Notre halte ici, ne s'éternisera pas, et nous reprendrons la route en vélo la journée suivante.
La reprise se fera en douceur. Nous parcourons qu'une cinquantaine de kilomètre pour notre première journée.
Nous quittons Iguazu par l'unique route national qui desserre le nord par le versant ouest de l'état de Misiones. Autant dire que le trafic routier y est dense et qu'il n'est pas aisé pour nous de cohabiter avec les voitures.
Très vite la chaleur et les vallons nous accablent, et ces premiers kilomètres nous donne un aperçu des six prochains jours que nous allons vivre : Des jours diffciles tant physiquement que moralement !
En fin de journée, nous nous arrêtons à Puerto Esperanza petite bourgade qui borde la route national 12 . Ici, Alan notre premier hôte warmshowers nous attend.
En rejoignant la maison d'Alan, nous nous enfonçons dans le quartier très populaire et désuet de cette ville. A mesure que nous avançons vers l'endroit où nous passerons la nuit, nous nous demandons avec un peu d'appréhension où est ce que nous allons atterrir.
Nous arrivons finalement dans le jardin d'une petite maison aux allures de chantier inachevé. Les deux chiens présents, nous accueillent avec suspicion. Nous mettons un peu de temps à nous sentir à l'aise surtout qu'Alan n'est pas des plus bavards. Finalement, cette sensation désagréable d'insécurité disparaîtra vite grâce à l'accueil chaleureux de la famille d'Alan.
Malgré un toit au dessus de notre tête, nous passons une très mauvaise nuit. Le couchage qui nous est attribué et qui se trouve dans la pièce de vie, est très sommaire. Nous dormons à deux sur un matelas qui conviendrait à une seule personne et le bruit du ventilateur est très pesant pour trouver le sommeil. Fanny arrivera à dormir quelques heures emportés par la fatigue d'une journée épuisante, mais Tancrède au mieux, ne somnolera que quelques heures.
Nous quittons tôt Puerto Esperanza le lendemain ; avec la hâte d'avancer au maximum avant l'apparition du soleil.
Seulement voilà, nous ne nous doutons pas que que le ciel ombragé que nous voyons au loin se transformera en véritable pluie diluvienne quelques minutes après notre départ.
Nous pensons passer à travers les nuages et ne prenons pas garde à mettre à porté de main nos vêtements de pluie. Inévitablement, la première pluie nous mouille peu de temps après que nous ayons pris la route. Lorsque nous commençons à peine à sécher, une deuxième, puis une troisième pluie diluvienne s'abat sur nous. Les pluies tropicales ne sont jamais très longues, mais par contre elles sont d'une intensité exceptionnelle.
A 10h30, nous n'en pouvons plus. Littéralement trempés et fatigués nous nous arrêtons sous un abri de bus, où nous prendrons alors notre déjeuner du midi un peu en avance. Cette petite pause, nous remet du baume au cœur. Nous reprenons la route l'après-midi jusque Montecarlo à 30 km de là.
A Montecarlo, nous repérons un camping sur le bord de la route. Nous décidons de nous y arrêter pour la nuit. Pas de douche chaude, mais un endroit pour faire la lessive et nous reposer sera suffisant. Mais malgré la fatigue, cette nuit là sera tout aussi mauvaise que la précédente. Le gardien du camping, amateur de musique forte, nous laissera nous reposer que très peu.
Nous enfourchons donc notre vélo cette troisième journée , traînants une fatigue un peu lésinante.
Heureusement, sur notre chemin nous menant à Puerto Rico, une heureuse rencontre viendra égailler notre voyage. Nous rencontrons sur la route Mieke et Niko, un couple Germano-Hollandais parcourant l'Amérique du Sud en tandem également. Nous nous croiserons à plusieurs reprises sur le chemin nous menant jusque la capitale de Misiones, Posadas.
Arrivés à San Igancio, dernière ville importante avant Posadas, nous ferons un bout de route ensemble et partagerons même un dortoir dans une petite auberge de jeunesse.
L'arrivée à Posadas, ce samedi 30, marque la fin d'une première étape éprouvante. Nous ne pensions pas que Misiones serait un état si vallonné, et difficile pour les cyclistes. Heureusement pour nous, nous constatons que même les plus chevronnés ont dû mal face aux vallons de cette province.
Fatigués mais heureux, nous changeons de province, et passons dans l'état de Corrientes.
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